Les archéologues ont découvert une vaste colonie de l’âge du bronze dans la steppe kazakhe, remettant en question la compréhension conventionnelle de la vie urbaine primitive en Eurasie. Le site, surnommé « Semiyarka » – ou la « Ville aux sept ravins » – révèle un niveau d’organisation sociétale et de capacité industrielle jusqu’alors inconnu parmi les communautés mobiles de la région vers 1600 avant JC.

Une colonie planifiée dans la steppe

Contrairement aux camps dispersés généralement associés aux cultures nomades des steppes, Semiyarka était un établissement planifié à grande échelle s’étendant sur 140 hectares. Perché stratégiquement au-dessus de la rivière Irtych, le site présente des terrassements rectilignes, des résidences fermées et un bâtiment monumental central, suggérant un niveau sophistiqué de structure sociale et de gouvernance. Cette découverte démontre que les communautés autrefois considérées comme uniquement mobiles étaient capables de construire et de maintenir des établissements permanents et organisés.

Production de métaux à l’échelle industrielle

Les preuves d’une production métallurgique à grande échelle sont encore plus frappantes. Les fouilles ont révélé des creusets, des scories et des artefacts en bronze d’étain, indiquant des systèmes de fabrication complexes plutôt que des ateliers à petite échelle. Il s’agit de la première preuve concrète de l’activité industrielle des métallurgistes des steppes. L’emplacement du site à proximité d’importants gisements de cuivre et d’étain dans les montagnes de l’Altaï suggère qu’il s’agissait d’une plaque tournante clé des réseaux commerciaux de métaux de l’âge du bronze reliant l’Asie centrale au reste du continent.

Collaboration internationale et méthodes de pointe

L’enquête a été menée par une équipe internationale de l’UCL, de l’Université de Durham et de l’Université Toraighyrov (Kazakhstan). L’équipe a combiné des méthodes archéologiques de pointe pour reconstruire le paysage social et technologique du Kazakhstan de l’âge du bronze. Le Dr Miljana Radivojević de l’UCL et le professeur Dan Lawrence de l’Université de Durham ont souligné l’importance des résultats, désormais publiés dans la revue Antiquity.

Hypothèses contestables sur les sociétés steppiques

« Semiyarka transforme notre compréhension des sociétés steppiques », déclare le Dr Radivojević. «Cela démontre que les communautés mobiles étaient capables de construire et de maintenir des colonies permanentes et bien organisées, centrées sur une production métallurgique à grande échelle, y compris la fabrication insaisissable de bronze à l’étain.» Le professeur Lawrence ajoute que la structure du site – les composés rectilignes et le bâtiment monumental – indique que les communautés de l’âge du bronze de la région ont développé des établissements sophistiqués comparables à ceux des régions plus traditionnellement « urbaines » du monde antique.

Recherches futures et fouilles en cours

La découverte de Semiyarka remet en question les hypothèses de longue date sur les capacités des sociétés steppiques. Le site rappelle avec force que les prairies d’Asie centrale abritaient autrefois une ingéniosité urbaine égale à celle de n’importe quelle civilisation ancienne. Les fouilles en cours promettent d’en révéler encore plus sur cette métropole de l’âge du bronze et sa place dans le paysage eurasien plus large.

La ville de Semiyarka témoigne de l’ingéniosité et de la complexité des sociétés de l’âge du bronze en Asie centrale. Les résultats soulignent la nécessité de reconsidérer les récits conventionnels sur le développement de la vie urbaine et la production industrielle dans le monde antique.